Rio de Janeiro

Vous écoutez One Note Samba écrit par Antônio Carlos Jobim et Newton Mendonça.


Au Brésil, la danse se dit samba. Le samba, pour être tout à fait puriste puisque c'est le mot originel au Congo et au Zambèze. Là aussi, comme le blues, le samba est une "invention" des Noirs Africains déportés dans les grandes plantations sud-Américaines, les fameuses latifùndias. Mais, si le blues est triste comme un champ de coton, la samba est gaie, endiablée, ensoleillée. L'environnement hispanique et une forme d'esclavage moins féroce ont donc favorisé une toute autre expression Négro-Américaine, issue des mêmes raisons mais dans de tout autres conditions. Le samba se développa, bien entendu, dans les régions les plus colonisées, en premier lieu, Rio de Janeiro mais également São Paulo et Bahia. Plus proche du blues est la Saudade, chant plus nostalgique que triste. Dès 1920, l'Europe s'intéressera à la samba. Darius Milhaud intégra Saudade et samba au sein de quelques-unes de ses compositions. Au demeurant, Villa-Lobos écrivit aussi une samba classique au début des années 50. Cependant la prédominance des figures rythmiques et leur accentuation semble ne pas avoir facilement été adoptées par la culture académique sauf à l'occasion de citations exotiques (notamment dans Scaramouche de Milhaud). Non, le rejeton le plus brillant de la samba et du saudade fut la bossa nova. On en attribue la paternité à Antônio Carlos Jobim et João Gilberto, au début des années 50, quand le Brésil entama une révolution économique et culturelle qui méritait bien un nouveau nom : la nouvelle vague (nova bossa). Le film Orpheo Negro (palme d'Or du Festival de Cannes) et le saxophoniste de jazz Stan Getz ont popularisé la bossa au-delà de toutes ses espérances.

 

Le monde découvrait la Bossa Nova en 1963 avec l'immense succès du Maître Antônio Carlos Jobim, The Girl from Ipanema, qui fut primé aux victoires de la musique cette même année. Antônio Carlos Jobim reste dans l'histoire de la musique comme l'un des pères fondateurs de la Bossa Nova et l'un des compositeurs majeurs du XXème siècle. Il est décédé le 08 décembre 1994 à New York.

Antônio Carlos Jobim, Rio 30 nov 1994 

Tom Jobim

En 1989, Tom, (le surnom de Antônio Carlos Jobim), explique: "En portugais, bossa veut dire une bosse, une protubérance. Et le cerveau humain a ces protubérances, ces bosses dans la tête. Ces convexités correspondent aux concavités de matière grise dans le cerveau. Ainsi, si un type a quelque chose, c'est littéralement une bosse au cerveau, une aptitude pour quelque chose. Dire qu'il a une bossa pour la guitare signifierait qu'il est très doué pour la guitare. Ainsi on a fini par dire de l'habileté, un don pour quelque chose, un talent naturel, et la Bossa Nova était un "nouveau talent". Je crois que j'étais le premier à écrire au sujet de la Bossa Nova, sur la couverture de l'album de João Gilberto, j'ai utilisé "Bahiana Bossa Nova". Cette expression se traduirait comme "le nouveau talent de Bahia", pour faire référence à la ville d'où vient João Gilberto.

"Mes contemporains et moi avons appris beaucoup des compositeurs Brésiliens qui sont venus avant nous. Les gens aiment Pixinguinha, Ary Barroso et Dorival Caymmi qui ont laissé un rastro, une piste de beauté à suivre pour nous. Pourtant, quand la Bossa Nova est apparue pour la première fois au Brésil, il y eu de nombreux opposants, nombreux puristas remplis d'animosité. Malgré tout, les Etats-Unis nous apprécièrent. Nous avons reçu tant de non au Brésil, et tant de oui aux Etats-Unis. Avec du recul, je me rends compte que plus les Etats-Unis disaient oui, et plus le Brésil disait non. Notre affinité pour le jazz était en partie la cause du problème, et c'est ce qui a le plus dominé l'esprit des gens à propos de notre musique. Au lieu d'advenir dans l'histoire comme une branche de la samba, ce qu'elle est, la Bossa Nova fut envisagée par le monde comme une branche du Jazz. Bien sûr, tout ce qui swing (balance) aujourd'hui est appelé Jazz, ce mot est devenu si large ! Et les seuls pays qui balancent vraiment dans leur musique sont les Etats-Unis, Cuba et le Brésil."

Tom Jobim.

Tom Jobim


Caetano Veloso

Tom jobim 

" Caetano Veloso dit beaucoup de choses intéressantes et vraies sur la Bossa Nova. Il dit entre autres que la Bossa Nova est une musique joyeuse, positive, une musique qui vous emmène à la mer, à la plage, pour aimer, pour se marier, pour être heureux. Il dit aussi que le Brésil doit mériter la Bossa Nova qui est faite pour être heureux. Je viens d'une époque où tout était négatif, on se devait d'être malheureux. Les textes des Sambas étaient comme ceux des Tangos argentins : "Plus jamais, adieu... Je ne veux plus me souvenir... Tu ne peux renier mon dernier désir...". Il y avait un Boléro, il s'intitulait "Suicide", à la fin on entendait le coup de feu, quand finalement l'homme se tuait. Très réaliste, incroyable ! "

Tom Jobim


"L'écrivain Mario de Andrade disait : " Mon fils, tu dois faire de la musique brésilienne. Si tu es brésilien, fais de la musique brésilienne. Si tu as du talent, fais de la musique brésilienne. Si tu es un génie, tu as encore plus de raisons pour faire de la musique brésilienne. Le monde est plein de musiciens, tu n'as pas besoin d'aller en Allemagne ou aux Etats-Unis pour être seulement un musicien de plus. C'est plein de musiciens là-bas, de grands musiciens. Alors tu feras mieux, tu seras plus utile à la planète en faisant de la Samba. Et bien sûr, il faut que ça se développe... Je ne suis pas partisan d'une Samba figée, une chose que personne ne peut changer, non, je pense que l'on peut tout bouger, on doit tout essayer."

Tom Jobim

Tom Jobim

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